Malgré son jeune âge, il est assez mature pour avoir délaissé les drifts sauvages dans les ronds-points et d’assouvir sa passion dans un cadre plus légal. Chérif est un passionné de glissade en voiture, plus précisément du Car Park Drift. Dans ce petit entrevu gentiment accordé à notre équipe, il nous dévoile un peu plus sur ce hobby qui commence depuis quelques années à avoir son public en Tunisie et à attirer de plus en plus de jeunes (et de moins jeunes) férus de sports mécaniques.
Q : Chérif, et si tu te présentais ?
Je m’appelle Chérif Bessaidi, j’ai 23 ans. Je suis originaire de Tunis mais j’habite actuellement à Paris (France) où je poursuis des études en école de commerce. Je suis un petrolhead depuis tout jeune, et ça ne va pas s’arrêter pour bientôt !
Q : Qui vient avant : l’amour du drift puis de la BMW série 3 (E36), ou l’E36 puis l’amour du drift ?
On ne peut pas choisir entre son père et sa mère ! On aime le drift quand on a une E36 et on aime la E36 quand on fait du drift ! En effet, ce modèle de voiture qui accuse une vingtaine d’années d’âge, accepte les modifications et est très maniable ! Sa notoriété est universelle et c’est pour cela que je l’ai choisi pour concourir avec ! C’est la propulsion avec laquelle on peut commencer (d’autant plus qu’elle est accessible en France en termes de prix) et sur laquelle la préparation pourrait donner quelque chose de sympathique sur route !
Q : A ce que tu nous as dit, tu as deux BMW E36 là, avec laquelle tu vas participer demain ?
En effet, j’avais déjà une voiture (avec laquelle j’ai participé l’année dernière) mais malheureusement j’ai eu un accident avec et elle a été gravement endommagée. Du coup, je me suis retrouvé obligé d’acheter une autre base sur laquelle j’ai travaillé pendant un mois non-stop du matin au soir pour la rendre opérationnelle pour cette saison. L’autre voiture a servi de donneuse d’organe pour la nouvelle.
Q : Peux-tu nous parler techniquement de ta préparation plus en détail ?
En France, j’ai déjà monté les combinés filetés et le volant. Tout le reste a été réalisé en Tunisie dans le garage BMC Bouaita Motors Company avec l’assistance de l’équipe Outlaws.
Le moteur (un V8 4.4L type M62TUB44), je l’ai déjà acheté au mois de décembre dernier. Puis on a mis un arceau de sécurité dont la pose a duré une semaine environ. Au fur et à mesure, on a désossé la voiture de son intérieur et des pièces de carrosseries pour pouvoir mettre tout cela en place. Ensuite, on a attaqué le swap moteur pendant quasiment trois semaines à effectuer tous les réglages et les essais. Enfin, on a rajouté un radiateur aluminium (Mishimoto), un short shifter (Drift shop), un frein à main hydraulique, un renifleur (Drift shop), le siège baquet et son support, un kit grand-angle (Wisefab), sans parler des modifications extérieures telles qu’un aileron arrière type E36 M3 LTW et le gonflage du capot !
Q : Lors de ta première participation au RBCPD, tu as été classé 8ème lors des qualifications. En un an, qu’est ce que t’as pu amélioré, sur ta conduite et sur la voiture ?
En fait, j’ai très bien compris que je pourrais potentiellement faire beaucoup mieux si j’avais une voiture mieux préparée et la conduite adaptée. A Paris, je n’ai ni l’endroit ni les moyens pour travailler sur le véhicule, donc j’en ai profité pour travailler en tant que chauffeur VTC (Véhicule de Tourisme avec Chauffeur) et de mettre toute ma paie dans les pièces de rechange. Au bout de 7 mois, j’avais tout ce qu’il me fallait, j’ai pris le bateau et je suis parti en Tunisie pour relever mon challenge !
Q : Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées par rapport à ta passion en France et en Tunisie ?
La principale difficulté en France est que je ne peux pas m’entrainer comme je veux. Pour avoir accès aux circuits, cela reste très onéreux pour mon faible budget déjà dévoré par la préparation de la machine. En Tunisie, le problème est autre : on ne pourrait jamais progresser en faisant du drift dans la rue et malheureusement on a du mal à importer les pièces pour nos voitures. Je trouve que pour progresser au niveau du pilotage, il faudrait absolument aménager des espaces dédiés à cette discipline à part. Nous, on fait avec les moyens de bords, et parfois un parking vide avec de simples cônes où l’on pourrait exercer des drifts nous seraient de grande utilité !
Q : Pour finir, une anecdote lors de cette aventure ?
Quand on a désossé la voiture, cela a été comme si on avait arrêté le temps en 1995 ! Des tickets de parking, de péages, des reçus, des papiers de tout genre datés de 1995 qui étaient coincés derrière le tableau de bord de la voiture depuis plus de 22 ans !! C’été assez drôle de voir ce que la voiture a enduré pendant deux décennies, même si cela n’a rien à voir avec les G latéraux qu’elle va encaisser le jour de la compétition !
Interviewé par : Bahaeddine KHELIJINI | Crédit photos : Aziz TURKI