Photos : Ibrahim BEN SADOK | Interviewé par : Bahaeddine KHELIJINI
Depuis quelques années, le drift commence à s’instaurer en tant que discipline à part entière dans le paysage des sports mécaniques en Tunisie. La glisse automobile attire de plus en plus de pilotes qui ne cessent de monter en compétences et notre invité du jour en fait partie. Yassine Le Gall, jeune pilote dans les compétitions de drift depuis 2015 s’est livré à nous, voici les faits marquants de cette entrevue.
Q : Yassine, comme plusieurs de tes concurrents sur le circuit du drift, tu as fait le choix de concourir avec une BMW série 3 E36. Pourquoi ?
Le choix a été très simple. Il me fallait une voiture à la fois maniable, jolie, abordable et surtout une propulsion. La BMW E36 rassemble ses critères d’autant plus que j’aimais ce modèle bien particulièrement avant. Tout compte fait, j’ai fini par dégoter une BMW E36 320i berline !
Q : Du coup, l’E36 ramène l’amour du drift ou c’est le drift qui ramène l’amour de l’E36 ?
Le drift, c’est dans le sang que cela se passe ! Avant même de penser à acheter une voiture, je passais des heures sur YouTube à regarder ce qu’il se passe dans cette discipline aux quatre coins du globe et essayer de reproduire les mêmes choses sur des simulations en jeux vidéo. Dès que j’avais l’occasion de sortir avec la voiture de ma mère le soir, je mettais en application ce que j’ai appris sur le bitume !
Une fois l’E36 achetée, j’ai commencé à y prendre goût et j’ai essayé de travailler ma technique de drift sur route. Cela demande beaucoup de travail et de persévérance et je finis par participer à l’évènement du Redbull Car Park Drift. A la surprise générale, j’ai pu finir deuxième et conséquemment j’ai eu beaucoup de support pour me lancer davantage dans cette discipline, encore plus accessible avec le lancement du championnat national de la FTA. C’est à ce moment-là où les choses sérieuses ont commencé !
Q : En parlant de choses sérieuses, qu’est ce que tu as modifié sur ta voiture ?
On peut dire que mon E36 a eu quatre phases depuis l’achat avec quatre moteurs et quatre configurations différentes. Au début je cherchais simplement la puissance pour à la fois apprendre les bases techniques du drift, mais aussi pour avoir une voiture opérationnelle sur route (d’où le choix de mettre le M52B28 avec un pont autobloquant). Ensuite, on a greffé un V8 M62 sans vanos (moteur des BMW E31/E38/E39 40i) avec les premières modifications nécessaires pour le drift park (tel que le frein à main hydraulique) puis cette année on est passé à un setup M50+Turbo, plus maniable et gérable en drift qu’un gros V8 atmosphérique.
Q : En matière d’esthétique et de sécurité, tu as modifié des choses aussi ?
J’allais en venir ! Une voiture de compétition doit être tout d’abord sécurisante pour son pilote, c’est pour cela que j’ai deux sièges baquets Sparco 2 harnais, un volant drift Sparco et un arceau de sécurité 8 points. De plus, tout le vitrage est actuellement fait de plexiglas. Concernant l’esthétique, je vous laisse admirer les photos !
Q : Qui vous a aidé pour la préparation de la voiture ? Avez-vous des anecdotes lors de cette dernière ?
Toute la préparation a été dirigée par les frères Bouaita Ahmed et Walid (une grande dédicace pour eux au passage pour tout l’effort qu’ils ont fourni à m’aider à réaliser ce rêve d’enfant). Sinon la chose la plus marrante qui m’est arrivée (et qui continue à m’arriver) c’est qu’à chaque manche du championnat national de drift, on se dit qu’on va terminer la voiture au moins deux jours avant pour passer aux essais et à parfaire les réglages. Hélas, la BMW n’est toujours « prête » qu’à 4 heures du matin, veille de manche !
Q : Selon vous, quelles sont les limites de ce sport en Tunisie ?
En Tunisie, on se débrouille avec ce qu’on n’a pas ! Déjà que le drift en tant que technique n’est pas chose simple mais en plus la préparation des véhicules coûte des dizaines de milliers de dinars. Il y’a nulle part où acheter les pièces spécifiques, du coup on est obligé de les ramener de l’étranger, avec les taxes douanières énormes qui vont avec ! De plus, même quand on arrive à résoudre ce problème, on reste confronté à l’absence d’espaces et d’aménagement pour pratiquer et s’entrainer. Malheureusement, la plupart des drifteurs tunisiens s’entrainent sur la route publique, par pure obligation !
Q : Le mot de la fin te revient Yassine, une dédicace ou un remerciement en particulier ?
Un grand merci sans fin à ma famille qui me soutient plus que jamais dans ce que je fais. Ma mère depuis que j’ai décidé de devenir pilote drift n’a pas arrêté de m’aider financièrement et moralement. Je tiens à remercier aussi le club Outlaws qui représente une deuxième famille de passionné pour moi. Enfin, je remercie aussi notre sponsor LIQUIMOLY pour son support éternel, en attendant d’autres sponsors à qui je suis toujours à l’écoute !
Photos : Ibrahim BEN SADOK | Interviewé par : Bahaeddine KHELIJINI.
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