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Le renouveau d’une marque ne passerait-il pas par un plongeon dans son passé glorieux ? il faut dire que chez Peugeot, on y croit dur comme fer, et quand on dispose de certaines perles comme la 205, la 305, la 504 ou la 404…l’exercice n’est que plus palpitant.
C’est justement ce à quoi renvoie le teasing publié deux jours plutôt et qui annonce fièrement le retour de la 404 pick up, ou plus précisément, la 404 bâchée qui a fait et fait encore le bonheur de plusieurs professionnels et agriculteurs tunisiens.
Premier contact
Il faut croire que chez Peugeot, on a mis les gros moyens pour faire de son nouveau produit un sacré numéro, la journée commence sous les meilleurs auspices, par un temps magnifique et, à notre arrivée à l’hôtel Al Badira, symbole d’une architecture épurée propre à la ville de Hammamet, neuf Pick up rutilants prêts à bondir nous y attendaient, le premier contact est déroutant, les lignes sont tendues, franches et mis à part les arches de roues proéminentes, aucune autre fioriture ou fantaisie ne vient perturber un dessin voulu rassurant, aux antipodes des réalisations actuelles de la marque au Lion, mais, il faut reconnaître qu’une étrange impression nous envahit, ce nouveau-né est fait pour prendre très vite sa place et s’imposer comme membre de la famille.
La présentation extérieure fait dans le robuste et le costaud, de la calandre verticale, arborant fièrement un lion rugissant, à la ridelle arrière emboutie au nom de la marque, et rappelant fortement les chromosomes Peugeot, de la 504 bâchée à la 403 bâchée en passant par la 404…bâchée, à une différence près, ne cherchez pas le nom spécifique du modèle présenté, il n’y en a pas, et pour cause, il se fait appelé tout simplement Peugeot Pick Up, étant donné le seul modèle du constructeur à ne pas découler d’une berline.
Une brève présentation du modèle, et du parcours que nous ont concocté les équipes Peugeot (119km et différentes variantes de chemins, dont certains assez défoncés, ils ont vraiment confiance en leur produit… ou bien dans notre délicatesse) et nous voilà devant la voiture prête à nous dévoiler ses secrets, premières remarques, les versions 4 roues motrices se distinguent de celles à 2 roues motrices par les barres de toit, un arceau chromé au niveau de la benne et un marchepied spécifique, la garde au sol, bien que respectable pour du franchissement (de 210 à 215mm), n’est pas handicapante, et l’accès à bord s’avère aisé.
Les maîtres-mots à bord, robustesse et solidité
A l’intérieur, le conformisme règne et les assemblages sont assez bien réalisés (à part deux ou trois plastiques mal ébavurés au niveau de la colonne de direction et qui ont été rectifiés sur les modèles de série, de l’aveu même du chef de projet), la planche de bord d’un seul tenant est la preuve même que tout est fait pour éviter l’apparition de grincements au fil du temps et que le maître mot à bord est la robustesse et la durée dans le temps.
Cependant, les touches de plastiques claires égaient l’atmosphère (contre-portes, console centrale) et la couleur grise bleutée utilisée pour la sellerie et pour les autres plastiques nous font oublier l’austérité qui règne à bord de certains modèles concurrents. Côté équipements, le Pick Up est assez bien fourni, en effet, rien d’essentiel ne manque à l’appel, ABS avec répartiteur, deux airbags, conducteur et passager, les 4 lève-vitres et les rétroviseurs extérieurs à réglage électriques, la radio avec lecteur CD, et une prise USB indispensable de nos jours, ainsi que l’aide au stationnement arrière en n’oubliant pas la climatisation manuelle.
Notre version étant une 4 roues motrices, nous avions droit à une boîte de transfert permettant de basculer entre 3 modes, avec (4L) ou sans (4H) les vitesses courtes pour le franchissement et de repasser en mode propulsion en conduite normale.
A l’arrière l’espace y est suffisant pour les passagers de grandes tailles, en effet, les 60 centimètres d’espace aux genoux sont largement suffisants, la banquette est inclinée pour ménager votre dos lors des longs parcours et la garde au toit est pléthorique. A l’avant, la position de conduite est assez bonne, le volant étant réglable en hauteur, petit bémol toutefois, l’assise du siège est uniquement réglable en inclinaison, espérons que sur le long terme, un réglage de la hauteur serait prévu.
Un parcours sinueux, et une monture à la hauteur
Nous commençons notre circuit d’essai en sortant de Hammamet par l’autoroute en direction de Grombalia, nous sommes surpris par le confort de suspension, et la facilité déconcertante avec laquelle les déformations de la route et les petites bosses sont absorbées, finalement le châssis échelle doté d’un pont arrière rigide, de ressorts à 4 lames, s’acquitte de sa tâche assez honorablement, il n’y a guère que la direction un peu floue sur autoroute qui dérouterait les conducteurs de berlines classiques, sa légèreté est, par contre, idéale une fois entré au centre-ville de Grombalia et ses embouteillages.
Nous sortons de la ville en direction de zones rurales, en passant notamment par Ain Tebournek, notre Pick Up est comme un poisson dans l’eau, si, d’habitude, nous faisions attention aux trous et aux déformations et autres gués, avec notre monture, nous nous sentons une âme d’aventurier et les sentiers sont avalés en une bouchée, la motricité avant n’est jamais prise en défaut et l’arrière est boulonné au bitume, ou plutôt au gravier et autres chemins de terre.
Au fur et à mesure de notre périple, nous nous faisons interpelés par les badauds intrigués par ce nouveau modèle, il faut dire que cela fait un bon bout de temps qu’ils n’avaient pas vu un pick up neuf estampillé du Lion (25 ans exactement, on ne comptabilisant pas les 504 CKD assemblés jusqu’en 2005 au Nigéria), et leurs réactions étaient plutôt enthousiastes.
L’après-midi est réservé aux essais de franchissement, et il faut dire que le parcours préparé sur la plage de l’hôtel qui semblait assez rudimentaire, s’avère finalement, être un bon test pour les capacités de l’engin, et fait plus surprenant encore, tous les obstacles sont franchis au frein, le couple de la voiture important, 280 Nm pour 115ch, disponible au bas du compte tours, permet d’évoluer sans le moindre hoquet, croisements de ponts, devers et autres collines sont franchis en un temps éclair, au point de se prendre pour un pilote du Rallye de Tunisie…vous connaissez l’adage, l’espoir fait vivre…
Une usine pour le second semestre 2018 et beaucoup d’ambition pour le futur
La journée se termine en apothéose, sous le chapiteau préparé pour le grand événement, en effet, à contre-courant de l’actualité automobile du moment, dominée par le salon de Frankfurt, Peugeot, représentée par Jean-Philippe Imparato, Directeur Général de la marque, et Jean-Christophe Quémard Directeur de la zone Afrique-Moyen-Orient et Membre du Directoire PSA, et Stafim, représentée par Abderrahim Zouari, en qualité de Directeur Général, ainsi que leurs équipes respectives (il est à noter que le chef du projet chez Peugeot est d’origine tunisienne, M.Sarhane Khalfaoui) ne cachent pas leur enthousiasme lors de l’annonce du lancement de l’unité d’assemblage du Pick Up en Tunisie, une entreprise, basée à El Mghira, à la sortie Sud de Tunis, qui serait opérationnelle durant le second semestre 2018 avec pour objectif de produire 1200 véhicules durant la première année et 4000 véhicules à régime de croisière, ce qui lui permettrait à moyen terme de pouvoir exporter vers d’autres pays africains.
Tarifs étudiés, mais, concurrence féroce
Dernier détail, et non des moindres, les prix annoncés pour le nouveau venu, vont de 54.900DT pour la version 2 roues motrices à 68.500DT pour la version en 4 roues motrices, les deux en double cabines et munies de tous les équipements cités plus haut, un positionnement assez ambitieux, qui place le Peugeot en confrontation directe avec des modèles bien ancrés dans le marché tunisien, Isuzu D-Max, et Tata Xenon, en tête, mais, également, le Mahindra Pick Up, les Great Wall Wingle 5 et 6 et le futur Foton Tunland qui sera également assemblé en Tunisie. Une concurrence rude certes, mais, l’historique de la marque et son réseau étendu grâce à Stafim en Tunisie, sont autant d’atouts qui contribueront à lui conférer une position confortable sur notre marché.
Par Oussama Guellouz.